Parachutages du 7 juin 1944 en Val-d'Arroux

09/06/2024

Quatrième volet: Que sont-ils devenus ? 

Quelques jours après le parachutage à Gueugnon, le 7 juin , les responsables de la S.A.P. furent informés que le matériel resté aux mains de Thévenet pour équiper son secteur, avait été détruit dans un incendie. Ils pensèrent alors que la ferme Chaussin avait brûlé. Mais dans l'urgence des événements de la période, ils ne cherchèrent pas à en savoir plus. Puis ils furent embarqués, dès la libération dans d'autres aventures. 

Les années passèrent et ce n'est qu'en 1979, sur l'insistance de Jannick, qu' ils reprirent contact avec les Chaussin, cette famille qui avait pris de tels risques en les logeant chez eux à un moment difficile.

Au cours d'un voyage amical effectué avec leurs épouses, Marcel Boucassot et Robert Guyon, accompagnés de Goyard et René Fléchard (ex-patron du Maquis de Saint-Bonnet-de-Joux), ont retrouvé les lieux. En fait, ils apprirent que le matériel parachuté n'avait pas été entreposé dans la ferme, mais dans une dépendance d'un château voisin (Château de la Fourrier) qui brûla. Les causes de l'incendie restent inconnues.


Mais que sont devenus tous les protagonistes de cet événement ?

Pierre Thevenet:


Le 17 juillet 1944, au cours d'une mission avec 3 autres Résistants, sur la route qui rejoint Palinges à Paray, au lieu-dit Digoine, il s'arrêta dans un café pour consulter une carte routière, afin de vérifier son itinéraire. C'est à ce moment que les Allemands arrivèrent. La voiture du commando contenant des éléments ne laissant aucun doute sur leur appartenance aux FFI, le combat s'engagea immédiatement. Les Résistants sautèrent par une fenêtre du bistrot et se dirigèrent vers la Bourbince. Dans sa fuite, Pierre Thevenet fut mortellement touché. André Bregaud reçut une balle dans la tête alors qu'il traversait la rivière. Les deux autres maquisards réussirent à s'échapper. La tenancière du café fut également exécutée.

Paul Rivière:

Avec "Jannick", (Geneviève Fassin,« Galvani bis », « Sénateur ») - qui fut son adjointe pendant toute la période de la S.A.P. et deviendra son épouse après la libération -, ainsi qu'avec Jacques Chaban-Delmas, Maurice Bourgès-Maunoury et quelques autres, il participe à la création de l'Amicale des Réseaux Action de la France Combattante, association qui avait pour but l'entraide des anciens officiers d'action et la liquidation des réseaux, jusqu'à la dissolution de celle-ci, en 2002.

 Il rentre dans l'armée en 1947 avec le grade de lieutenant-colonel, qu'il conservera pendant toute sa carrière militaire ! Tout d'abord inspecteur des armées en métropole, il est envoyé pour deux ans en Indochine en 1953, à Constance en Allemagne pour l'année 1955 puis environ six mois en Algérie en 1956. De décembre 1956 à la fin de 1959, il est nommé attaché militaire au Japon. À son retour, il prend les fonctions de responsable de la Sécurité Militaire en Algérie. En 1962, il se présente aux élections législatives dans son département d'origine. Il restera député de la 6e circonscription de la Loire jusqu'en 1978 et maire de son village natal, Montagny, jusqu'en 1983. Pendant la même période, il siège au Conseil de l'Europe. Paul Rivière est décédé le 16 décembre 1998 à Lyon.

                               Geneviève et Paul RIVIERE

Jean Rosenthal :

En août 1944, sous sa direction, les maquisards de Haute-Savoie libèrent le département. Le 19 août, il reçoit la capitulation des forces allemandes commandées par le colonel Meyer. En octobre, Jean Rosenthal est muté à la Direction Générale des Etudes et Recherches (DGER) à Paris puis il se porte volontaire pour servir en Extrême-Orient. En avril 45, il rejoint Calcutta où il prépare les parachutages et obtient de brillants résultats. Il rentre à Paris en mars 1946. Il reprend son métier de négociant en pierres précieuses. Il sera président du CRIF et de l'Association Unifiée des Juifs de France. Jean Rosenthal est décédé le 2 août 1993 à Garches.

                                          Jean ROSENTHAL

Maurice Bourgès-Maunoury :

Après la libération de Lyon, alors qu'il tente de rejoindre Paris pour rendre compte de la situation au Général Koenig, il est blessé par balles à Montceau-les-Mines, par les tirs d'une colonne allemande. D'abord transporté moribond à l'hôpital du Creusot, il sera transféré à Lyon. Echappant de peu à l'amputation, il est décoré sur son lit d'hôpital de la Croix de la Libération par le Général de Gaulle.

Il sera tour à tour :

  • sous-chef d'Etat-Major

  • Commissaire de la République à Bordeaux

  • député de Haute-Garonne

  • secrétaire-d'état au budget (1947), puis secrétaire d'état à la Guerre

  • ministre des Travaux Publics puis Secrétaire d'Etat à la présidence du conseil

  • ministre adjoint de la Défense Nationale, puis ministre de l'armement.

  • Ministre des Finances (1953) de l'Industrie (1954), des Forces Armées (1955), de l'Intérieur (1955-56), ministre de la Défense Nationale (1956-57)

  • Président du Conseil puis ministre de l'Intérieur (1958)

Il rejoint ensuite le groupe de la Banque Rivaud, Il est décédé à Paris le 10 février 1993

Chez les Chaussin, Lucien devint Conseiller Municipal de Gueugnon. L'un de ses fils fit partie de l'équipe vedette du FCG.

Robert GUYON est mort dans sa 86ème année. Né le 27 mai 1921 à Bresse-sur-Grosne, il s'installe à l'âge de 8 ans avec ses parents à Saint-Gengoux-le-National. A 18 ans, Robert, brevet de pilote d'avion en poche s'engage dans l'Armée de l'air, en Algérie, en 1939 jusqu'en novembre 1942. 

Réfractaire au STO, il entre dans la Résistance du 1er septembre 1943 jusqu'en septembre 1944 et est responsable sur le sud de la Saône-et-Loire de la section atterrissage et parachutage (SAP). 

Il participe ainsi à une trentaine d'opérations de parachutages et de camouflages sur ce secteur avant de devenir capitaine à la direction générale de l'Etat-major, subdivision militaire, du 1er octobre 1944 au 7 avril 1945. Période où il se rend à Londres avec Marcel Boucassot, à l'appel d'André Jarret, pour participer à des entraînements de parachutistes. 

Affecté ensuite comme capitaine  en territoire occupé, la Sarre, jusqu'au 31 mars 1948, il est nommé attaché première classe au secrétariat d'état aux affaires allemandes en Autriche jusqu'au 30 juin 1952 avant de rejoindre l'Algérie.

En 1962, il quitte l'armée et contracte, dans le civil, un poste dans la Creuse, à l'Office National des Anciens Combattants avant d'être muté à Mâcon où il sera, durant quatorze ans, directeur départemental du service des Anciens Combattants.

Chevalier de la Légion d'Honneur, officier de l'Ordre national du mérite, Robert Guyon avait reçu deux Croix de Guerre avec citations et la Croix de Combattant Volontaire de la Résistance. Elu conseiller municipal en 1971 jusqu'en 1977 dans sa commune de cœur, Bresse-sur-Grosne, Robert Guyon, marié et père de deux enfants, deviendra maire en 1979 pour assumer ce mandat jusqu'en 1993.