Un 13 août à Paray-le-Monial.
Décès d'Agnès de La Barre de Nanteuil (1944)
Agnès de La Barre de Nanteuil est née le 17 septembre 1922 à Neuilly-sur- Seine dans une famille de vieille noblesse normande, installée dans le pays de Vannes en 1937.
Dès les débuts de l'occupation allemande, en 1940, Monsieur et Madame de La Barre de Nanteuil entrent en résistance. Les enfants ne vont pas tarder à en faire autant.
En 1941, Agnès participe à un réseau d'évacuation des pilotes alliés, tombés en Bretagne, fondé par sa mère. Elle camoufle, par son engagement comme cheftaine de Louveteaux, ses activités et déplacements pour transmettre des messages cachés dans le guidon de son vélo ou dans ses chaussures, au nez et à la barbe de l'Occupant.
Elle se rendra à la Clinique des Augustines de Malestroit où Mère Yvonne-Aimée et ses soeurs cachent des résistants dans des conditions difficilement imaginables.
Agnès ira loin dans la résistance en participant à des opérations de balisage de terrain pour la réception de parachutages, la fabrication de fausses cartes d'identité. Aide médico-sociale, elle vient aider à l'hôpital de Nantes lors des bombardements de 1943.
Elle accomplit sa dernière action militaire dans la nuit du 12 au 13 mars en effectuant un dernier balisage pour un parachutage d'armes à destination du maquis.
Fervente catholique, elle repartit, le lundi 13 mars, pour assister à la messe du matin chez les Frères Mineurs de Vannes.
En rentrant chez elle, elle a la très désagréable surprise de se trouver face à la Gestapo.
Agnès de La Barre de Nanteuil est emmenée, dans un premier temps, à la prison de Vannes où elle subit un premier interrogatoire; devant son mutisme elle est emmenée, le 16 mars à la prison Jacques Cartier, à Rennes. Là, la police allemande n'aura aucune pitié pour cette jolie jeune femme et va lui appliquer un interrogatoire sévère avec sévices. Elle ne parle toujours pas.
Devant l'avancée des Américains, 2000 prisonniers, au nombre desquels Agnès et sa jeune soeur Catherine, mais aussi des FFI, des soldats américains ou anglais, sont entassés dans des wagons à bestiaux surchauffés et le convoi s'ébranle, le 3 août, pour l'Allemagne et ses camps de concentration.
A Langeais, le train est mitraillé par des avions de chasse anglais; arrêté, les prisonniers cherchent à se mettre à l'abri des tirs. Agnès est blessée à l'aine par une balle. Balle anglaise ou allemande tirée par un soldat gardant les prisonniers et menaçant ceux qui voudraient s'échapper ? Toujours est-il que la jeune fille est grièvement blessée.
Hospitalisée à Tours dans un premier temps, elle sera, le 10 août, transportée sur une civière, remise dans un train en partance pour l'Allemagne. Son calvaire prendra fin, sans qu'elle ait exprimé une plainte, le 13 août à 21 heures ...en gare de Paray Le Monial !
Agnès de La Barre de Nanteuil n'avait pas encore 22 ans.
Elle sera inhumée au cimetière Paray-le-Monial dans le tombeau familial du médecin qui avait constaté sa mort.
A une date non précisée, elle sera exhumée et transportée à Vannes où elle repose, au cimetière de Boismoreau, près de son papa décédé en 1942. L'y rejoindront sa maman en 1972 et sa soeur Catherine en 1992.