Un 13 septembre à Autun - Flop de la journée d'aviation.(1909)
En ce dimanche 13 septembre 1909, la paisible ville d'Autun avait revêtu un air de fête et une animation inaccoutumée régnait dans les rues.
Dès le matin des trains avaient déversé quantité de curieux venus parfois de très loin, tandis que sur les routes, voitures bourgeoises ou carrioles campagnardes, cyclistes arrivaient pour assister à la grande journée d'aviation.
En prime, un concours agricole et les fêtes de la Saint-Ladre attiraient le public à Autun. De plus, un régiment de dragons, de passage dans la région, donnait à ces fêtes, une note guerrière.
Le Comité permanent des fêtes n'avait pas reculé devant les frais.
C'est dans la vaste plaine de Margennes, au milieu d'un magnifique décor entouré d'un côté de l'ancienne capitale éduenne et de l'autre par les chaines du Morvan, que devait se dérouler ce pas de géant vers la science et le progrès.
Dès le mardi, l'aviateur François Denhaut (nom prédestiné !), arrivait avec ses quatre mécaniciens de Saint-Florentin. L'aéroplane était transporté dans un hangar prévu à cet effet sur le terrain de Margennes.
Né le 4 octobre 1877 à Champagnat (Creuse), cet entrepreneur constructeur de barrages entre autres, se lança dans l'aventure aéronautique dès 1907.
En 1908, il entreprit la construction de son propre appareil. C'est celui-ci que M. Denhaut venait présenter pour la première fois à Autun.
Le mercredi, ils entreprenaient immédiatement des essais peu concluants, et comme jeudi et vendredi, une pluie torrentielle tombait, le Comité crut de son devoir d'informer le public qu'en raison de ces pluies persistantes, l'aviateur n'ayant pu régler son appareil, il ne garantissait pas aux spectateurs la réussite des vols.
Les essais de samedi n'étant pas d'avantage heureux, on fit alors, à la demande de M. Denhaut, construire un plan incliné de 50 mètres de long afin de palier aux inégalités du champ et donner de la vitesse au départ du biplan. Malgré cela, l'aéroplane ne s'éleva pas davantage; tout au plus le nez de l'appareil fit-il semblant de s'élever mais l'arrière, d'un poids considérable avec son moteur de 220 kgs, ne quitta pas le sol.
Enfin, le grand jour arriva. Ce dimanche, dès midi, des voitures emmenèrent au champ d'aviation des milliers de curieux. Chacun se pressait, avide d'un spectacle nouveau.
Mais, vers une heure, après une discussion entre l'aviateur et ses mécaniciens, M. Denhaut décidait de se retirer. A ce moment le ciel se couvrait et en un clin d'oeil, des trombes d'eau et de grêle s'abattirent sur la foule. C'était complet !!
Cependant, le public impatient voulait voir le biplan évoluer dans le ciel autunois. Un mécanicien, M. Boué, s'empara du gouvernail et durant le reste de l'après-midi, le beau temps étant revenu, fit des essais multiples sans pouvoir prendre son envol.
Ainsi se terminait cette journée tant espérée et le public regagna la ville un peu désappointé. Mais la foire, le concours agricole et divers concerts dédommagèrent quelques peu du contretemps de l'après-midi.
En ce qui concerne François Denhaut, il fit ensuite une belle carrière en particulier sur le biplan Le Danton. (image ci-dessous)